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Changements climatiques : « Si dans 100 domiciles, chacun plante un arbre, ça nous fait un écosystème de 100 plantes qui change le climat du quartier », Zarafilou Zoromé, coordonateur de la CONAJEC

vendredi 16 août 2024, par Pascal YE

Avec les effets du changement climatique qui se font de plus en plus resentir, des OSC se mobilisent de plus en plus. La Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat (CONAJEC) travaille à un environnement plus vert et à réduire le réchauffement climatique. Lefaso.net a rencontré le coordonnateur de la CONAJEC, Zarafilou Zoromé, qui, dans l’entretien qui suit, parle des initiatives de son association mais aussi des défis auxquels font face le Burkina Faso en matière de changement climatique. Pour lui, ce sont les initiatives individuelles qui peuvent le plus impacter positivement l’environnement.

Lefaso.net : Parlez des actions que mènent la Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat ?

Zarafilou Zoromé : La Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat (CONAJEC) est née en 2015 après la Cop 21, pendant la ratification de l’accord de Paris. Il a été demandé que les jeunes puissent accompagner différents États dans l’atteinte de l’objectif mondial qui était de diminuer le réchauffement global de la planète terre de 1.5 degré Celsius. Alors la CONAJEC a vu le jour exactement en 2016. Depuis lors, nous menons des actions tant au niveau national qu’au niveau international.

Sur le plan national, nous sommes dans les 13 régions. Nous avons des coordinations régionales avec la CONAJEC Côte d’Ivoire que nous avons installée en 2022 et celles du Mali, du Togo et du Bénin qui sont en cours d’installation. Nous menons depuis 2016 ce que l’on appelle la “LCOY” qui est la Conférence nationale des jeunes sur le climat. C’est la plus grande rencontre des jeunes en amont des COP pour porter leur voix et leurs préoccupations au niveau des instances des décisions pour qu’on puisse impliquer les jeunes dans toutes ces actions en lien avec les changements climatiques.

La LCOY Burkina Faso est organisée par la CONAJEC depuis 2016 jusqu’à cette année. Chaque année, bien sûr avec une thématique qui est en lien avec la Cop et les défis du moment. En plus de cela, nous avons des actions de sensibilisation, d’information, de formation et de plaidoyer. En tant qu’OSC, notre force est le plaidoyer. A titre d’exemple, nous avons, en 2020, lors des élections présidentielles, mené le plaidoyer que l’on appelle “l’empreinte verte” qui concerne les différents programmes des candidats aux élections afin de les amener à diminuer leur empreinte environnementale. Et d’amener ceux qui allaient gagner à élever leur niveau d’implication dans l’environnement.

Que font les jeunes pour l’environnement et le climat ?

Il faut reverdir l’environnement parce qu’avec la coupe abusive du bois, la désertification, il faut reboiser, pour lutter contre la sécheresse. Au niveau national, dans toutes les 13 régions, les coordinations régionales que nous avons installées font le reboisement. Donc, chacun au niveau micro le fait, ce qui fait qu’au niveau macro, nous avons un grand nombre de plants qui ont été mis en terre. Nous sommes autour de 500 000 plants que l’on a planté depuis la création de la CONAJEC et c’est toujours en cours d’augmentation. On se bat pour le couvert végétal qui se dégrade chaque fois. On dit qu’une jeunesse doit être formée et nous avons constaté également que beaucoup ignorent ce que c’est que le changement climatique.

Quels sont les défis auxquels fait face le Burkina Faso en matière de changement climatique ?

Les défis sont énormes. Sous nos yeux déjà, le premier défi est l’irrégularité des pluies qui entraine la baisse des rendements agricoles. Les inondations, la dégradation des sols et comme nous sommes un pays sahélien avec l’avancée du désert, il faut mener des actions pour contrecarrer. Nous avions eu la chance, paix à son âme, d’avoir Yacouba Savadogo qui était le prix Nobel alternatif et qui a vraiment lutté contre le désert. Il est un exemple pour nous tous. En plus de la désertification, nous avons l’augmentation de la température qui a entrainé des décès au niveau des couches les plus vulnérables. Nous avons également ces dernières années, une corrélation entre l’insécurité et le changement climatique qui est aussi un aspect à prendre en compte.

Pensez vous qu’il y ait une meilleure prise de conscience générale de la dégradation de l’environnement et du climat ?

Quand on regarde l’état actuel de l’environnement et l’état d’il y a 8 ans, à la création de la CONAJEC, nous sentons un grand changement. Les jeunes s’intéressent de plus en plus au changement climatique parce qu’en 2015, quand on parlait de changement climatique, ce sont seulement les agriculteurs au village qui pouvaient présenter les effets. Mais maintenant, tout le monde est conscient des effets. Le Burkina Faso, en tant que pays en voie de développement, subit gravement les effets néfastes du changement climatique ce qui fait que nous avons beaucoup d’actions d’adaptation. Donc il y a une prise de conscience mais il n’y a pas une plus grande amélioration du climat comparativement aux années antérieures.

Chaque année, différentes activités de reboisement sont organisées en saison hivernale. Participent-elles, selon vous, à rendre notre environnement plus vert ?

Effectivement, c’est une question très importante parce qu’il ne suffit pas de reboiser mais il faut un reboisement durable. Il faut d’abord un sol favorable au reboisement, savoir quels types de plantes utiliser et savoir comment bien planter. Aussi il faut disposer d’un système d’arrosage régulier pour avoir un taux de réussite élevé. Sinon, si on vient faire un reboisement folklorique que l’on médiatise juste pour montrer aux gens, forcément qu’il y aura un taux de réussite qui sera très faible.

Ce que l’on doit faire premièrement, c’est de se former pour le reboisement. Souvent quand on a 1 000 plantes en terre, l’entretien est énorme mais quand c’est une plante que vous mettez dans votre domicile, vous allez facilement l’entretenir pour qu’elle survive. Si dans 100 domiciles, chacun plante un arbre, ça nous fait un écosystème de 100 plantes qui changent le climat du quartier. Actuellement, avec les campagnes du ministère de l’Environnement, on voit plus de bosquets. Quand on prend le bosquet, il est protégé avec un suivi pour assurer la survie des plantes et promouvoir le taux de réussite du reboisement.

Avez-vous un appel à lancer aux Burkinabè et surtout aux jeunes pour la lutte contre le changement climatique ?

Je dirai à la jeunesse que le reboisement est une question du futur. C’est une question urgente et chacun doit le prendre très au sérieux. Si personne ne s’y investit, ce n’est pas évident que dans 10,15 ou 20 ans il y aura encore une bonne existence sur terre. Donc chacun doit apporter sa contribution à travers au moins une plante chez soi. Ce serait une bonne chose que l’on puisse s’engager individuellement pour l’environnement parce que cela y va du futur de l’espèce humaine. Je termine avec cette citation de Catherine Lambert qui dit que « le plus sûr moyen de donner un sens à sa vie c’est d’être utile à sa communauté ». Donc je vous invite tous à être utiles dans vos communautés respectives.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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