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Portrait : Nouhoun Ouédraogo, un artisan du développement sportif

mardi 8 octobre 2024, par Jack

Nouhoun Ouédraogo, est une figure discrète mais utile du domaine du sport burkinabè. Entrepreneur passionné et leader social, il combine son engagement pour la promotion du sport et son savoir-faire en confection d’équipements sportifs.

Depuis son plus jeune âge, Nouhoun Ouédraogo est permanemment dans l’univers du sport, particulièrement dans celui du football. Définissant le sport comme un outil puissant de cohésion sociale, capable de transformer les communautés, il s’y investit à cœur joie. En plus de ses activités dans le ballon rond, il est le vice-président de la fédération burkinabè de Taqball, un sport nouveau qui combine football et tennis de table. Nouhoun s’est engagé à populariser ce sport émergent qui gagne du terrain dans certaines écoles et universités.

Son ambition de développer le sport au niveau local ne s’arrête pas là. Le jeune homme avec d’autres personnes, a initié le prix du « meilleur entraîneur du mois » , une distinction dédiée aux entraîneurs de football burkinabè. Ce prix est décerné par une commission d’experts composés d’un membre de l’AJSB, d’un membre de l’amical des entraîneurs du Kadiogo, d’un membre de l’amical des entraîneurs des Hauts-Bassins, etc. « Chaque mois, ce prix valorise les performances des entraîneurs avec une récompense matérielle et financière. C’est pour contribuer petit-à-petit à la professionnalisation du football au Burkina Faso » a-t-il indiqué, ajoutant qu’au-delà de sa profession, il a un œil attentif sur les œuvres sociales spécialement dans le domaine du sport.

Image d’une équipe de Taqball et de leur aire de jeu

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Un mentor engagé auprès des jeunes

L’engagement social de Nouhoun Ouédraogo s’étend bien au-delà de ses activités sportives. Profondément attaché au développement du sport burkinabè, il s’investit dans l’organisation de tournois auprès de jeunes. Pendant les vacances scolaires, son soutien se fait encore plus sentir, répondant aux nombreuses sollicitations de jeunes qui cherchent à organiser des compétitions locales, notamment les ‘‘Maracana’’. Nouhoun essaie avec ses modestes moyens et son carnet d’adresses d’être un mentor pour les jeunes qui l’approchent. Pour lui, redonner le sourire aux jeunes à travers le sport est une mission essentielle, surtout dans un contexte social difficile marqué par l’insécurité et les défis économiques. « Quand tu grandis dans un milieu où le volet social compte beaucoup, cela déteint sur toi. Donc, c’est une raison de plus que je trouve à accompagner tous ceux qui œuvrent à développer le sport au Burkina Faso. Ce n’est pas simple, chaque weekend je suis sollicité par des jeunes pour des conseils et des appuis », dit-il. Ses actions illustrent aussi sa conviction que le sport peut être une solution pour canaliser l’énergie des jeunes et leur offrir des perspectives d’avenir.

Nouhoun Ouédraogo aux côtés de Kamou Malo, ex entraîneur des Etalons. Ce dernier avait été désigné meilleur entraîneur des mois d’octobre 2023 et de janvier 2024

La poursuite d’un héritage familial

Nouhoun Ouédraogo n’est pas un qu’un promoteur de sport. Il confectionne des tenues de sport sur mesure. Avec ses collaborateurs, il essaie de se créer une place au soleil. Nouhoun tire son activité d’un héritage familial. « Ce n’est pas un métier que j’ai appris par hasard mais je suis né et j’ai grandi dans cet univers avec mon père. Donc après mes études, j’ai décidé de continuer dans ce domaine. A la base je suis économiste de formation et j’ai une maîtrise en économie et sciences de gestion. Après l’université, j’étais confronté aux problèmes d’emploi. Donc, après avoir essayé d’intégrer la fonction publique sans suite favorable, je me suis demandé pourquoi ne pas poursuivre l’activité de mon père. C’est ainsi que je me suis lancée en 2017, plus précisément le 5 août 2017 », raconte, l’économiste devenu entrepreneur sportif.

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C’est grâce à son géniteur, qu’il a appris à conjuguer entrepreneuriat et engagement social. Cette philosophie guide aujourd’hui sa manière de gérer son atelier, où il met un point d’honneur à instaurer un climat de confiance et de solidarité, même avec une équipe de plus de 20 personnes. Les liens qu’il tisse avec ses collaborateurs, dont certains sont plus âgés que lui, sont fondés sur le respect mutuel. Cette approche humaine lui permet de concilier les exigences du travail avec les réalités sociales de ses employés, qui incluent des étudiants et des pères de famille.

« Ce n’est pas du tout simple de gérer toutes ces personnes, surtout que nombreux sont plus âgés que moi mais nous ne mélangeons pas l’âge et le travail. La plupart des personnes qui sont ici sont des contractuels. Ils font le travail, on fait le compte puis on les paye. Chaque jour, il faut arriver à accepter les humeurs ce n’est pas du tout évident. Cependant, avec l’expérience, j’arrive à trouver des solutions. Quand j’étais plus jeune, je voyais comment mon père dirigeait l’atelier », fait savoir Nouhoun. Il n’est pas le seul à travailler dans cet héritage familial qu’ils ont nommé « le salon du sportif ». Il se fait accompagner par le benjamin de la famille. « C’est lui qui est à l’infographie et qui s’occupe des écritures, des dessins et des motifs que l’on fait sur les tenues. Moi, je suis beaucoup plus à la coordination », explique-t-il.

L’atelier de couture de Nouhoun Ouédraogo. Seules les tenues de sport y sont cousues.

Un contexte difficile pour le sport

Malgré son amour et son engagement, Nouhoun reste confronté à des défis majeurs. « Avant, nous étions installés au sein du stade au début en 2017 mais avec la réfection nous avons dû trouver un autre local », informe-t-il. L’absence de compétitions internationales à domicile, notamment au stade du 4 août, a impacté la vente de ses tenues. « L’impact est présent parce quand les étalons jouent, tout le monde a envie de porter un maillot étalon ou bien un survêtement étalon. Et quand il n’y a plus de compétitions à domicile, du coup les ventes prennent un gros coup. C’est lors de la CAN 2023 que l’on a pu écouler un peu nos maillots et nos survêtements étalons. Le championnat national continue mais les gens ne s’y intéressent pas au même titre que les matchs de l’équipe nationale », soutient Nouhoun qui précise que 80% des tenues de sport demandées sont pour le football.

Pour remédier à cette crise, l’entrepreneur appelle les Burkinabè à consommer davantage les produits locaux, soulignant que cette consommation est cruciale pour le développement des jeunes entreprises. « Si de bonnes volontés peuvent aussi nous soutenir avec du matériel moderne, cela va nous aider. Nous n’avons pas les moyens d’acquérir du matériel de nouvelle génération pour moderniser nos confections. Au gouvernement, s’il y a une possibilité quelconque pour appuyer de jeunes entreprises locales qu’il le fasse parce que la concurrence avec les tenues importées pèse sur nos activités », a-lancé comme appel Nouhoun pour clore.

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Farida Thiombiano
Lefaso.net

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