mardi 15 octobre 2024, par Jack
Louis Arnaud Ilboudo, alias ILA, est devenu une figure montante de l’humour burkinabè sur les réseaux sociaux. À travers un entretien, il nous parle de sa démarche créative, de ses inspirations tirées de la vie de tous les jours, et l’impact des réseaux sociaux sur sa carrière.
Quelles sont vos sources d’inspirations pour réaliser vos sketchs et avez-vous des thèmes préférés ?
Pour faire une vidéo par exemple, je m’inspire de la vie quotidienne. Quand je discute avec quelqu’un, en même temps que je parle, je commence à écrire un scénario dans ma tête. Souvent même en fonction des situations qui m’arrivent. Présentement, au moment où nous sommes en train de parler, j’écris des choses pour parler des gens qui sont peut-être dans l’ombre ou qui n’arrivent pas a exprimé certaines choses qu’ils ressentent au fond d’eux. Donc, tout peut partir de là. Je dirai que mes thèmes sont 90% drôles, peut-être 10% sérieux. Je les aborde parce qu’en un rien de temps, tout ce que tu présentes mal peut se retourner contre toi. Je fais beaucoup attention aux thèmes que je choisis pour ne pas heurter la sensibilité des gens sur internet. Je m’inspire de tout ce qui va permettre au public de trouver le sourire, et de continuer la journée dans la gaité.
Quel est l’impact des réseaux sociaux sur votre carrière d’humoriste ?
Je rappelle que j’ai commencé par la scène. Je fais la scène aussi à travers « trois minutes pour faire rire » qui a été ma toute première scène au Burkina Faso. Et pour cela, les réseaux sociaux m’ont donné encore plus de visibilité. Parce que ce n’est pas évident de se faire connaître par le grand public en ne prestant que sur scène, surtout que c’est au Burkina Faso. Donc on fait la scène et les web-comédie nous donnent encore plus de visibilité. Ça influence beaucoup lorsque tu montes sur scène, on sait déjà que c’est lui-là qui avait fait telle vidéo. Donc ça prépare déjà le public à sourire puisque même si ce que tu vas faire toute suite-là ne doit forcément pas faire rire, ils peuvent penser à une vidéo que tu avais déjà fait qui leur avait fait rire et ça les met en même temps dans le bain.
Quel est votre processus de création d’une vidéo ?
Personnellement, pour le processus de création. D’abord j’ai une toute petite idée, un filon de ce que je dois tourner. Une idée maintenant, c’est développer l’idée. Je trouve déjà l’idée prise de position, après je développe, je trouve la chute. Le plus important et ce qui est très primordial, c’est la chute. Parce qu’il faut bien commencer, surtout il faut terminer pour accrocher le public en fait. Et pour monter une vidéo, pour filmer etc. Lorsque tu es concentré tu n’as rien à faire, en moins de 3h tu peux monter une vidéo et faire les bruitages, ça dépend aussi de la vidéo en fait. Souvent y a des vidéos très compliqué à monter en fait, donc il faut plus de temps, plus d’effets sonores et tout.
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Quelle appréciation faites-vous des réactions des internautes à vos vidéos ? En tenez-vous compte pour réadapter vos contenus ?
Oui effectivement. Je salue déjà les fans et tous ceux qui me suivent depuis jusqu’à maintenant et qui vont encore venir pour me soutenir, souvent dans les commentaires ce n’est pas simple (rire). Parce que de fois tu te fatigue, tu t’épuises, tu trouves les idées, tu crées le contenu, y a des gens qui n’ont pas une certaine approche, et lorsqu’ils viennent commenter, ils ne sont pas indulgents, ils viennent secs. Y en a aussi qui viennent précisément pour te provoque. Donc avec tout ça, tu arrives à trouver une idée à l’intérieur de leurs commentaires négatives pour créer encore un autre scénario, et créer d’autres vidéos en fait. On s’inspire aussi des commentaires que les gens envoient et essayer de trouver quelque chose d’autres pour les animer.
Vous collaborez parfois avec d’autres humoristes pour vos vidéos drôles. Comment se passe cette collaboration ?
Effectivement je collabore avec plusieurs humouristes que je salue au passage, Momo l’intellectuel, de la Jaguar, SAADTELECOME, j’en passe. Donc il y a plein d’humouristes avec qui je collabore. Je dirais que l’approche se fait de manière naturelle, parce que souvent quand on fait appel à quelqu’un c’est parce qu’on a un scénario et qu’on sent que cette personne la peut jouer ce rôle qu’on cherche en fait. Donc la collaboration se fait naturellement, surtout lorsque tu as l’idée et que tu vois la personne qui peut aller avec, tu appelles la personne, tu lui demandes si elle est libre, si elle est libre vous coordonnez tout : la découpe, l’endroit etc. Tu lui explique le scénario, tu lui expliques ce que tu voudrais qu’elle rende, et ensemble vous la chose.
Est-ce que ILA arrive à vivre de son art ? Et combien faut-il débourser pour avoir une prestation de ILA à une cérémonie ?
Je dirai oui, parce qu’avec l’humour j’ai pas mal de contacts qui me font appel et le bilan est positif. Je peux ainsi dire que l’humour nourrit son homme, parce je n’ai pas faim, j’arrives à satisfaire mes besoins, en essayant petit à petit de m’adapter. Pour avoir ILA dans sa cérémonie, ou dans sa prestation actuellement, il faut avoir de l’argent (rire). Je dirais dans une fourchette entre 150000 fcfa et 250000 fcfa.
Quelles sont vos difficultés ?
En tant qu’humouriste au Burkina, c’est surtout les scènes. Et moi je profite n’est-ce pas de cette possibilité pour demander aux autorités d’ouvrir d’autres salles qui vont pouvoir répondre à nous, parce qu’une salle qui répond à nous répond forcément à tout autre acte. Parce que nous, on n’a pas les échos, et quand il n’y a pas d’écho le public entend facilement ce que l’artiste veut dire, et puis on s’entend, on crie, c’est bien, et puis on ne peut pas compter sur une seule salle qui répond aux normes et qui n’a pas une grande capacité. Ça fait que si tu ne veux pas faire dans une salle, dans la salle que nous connaissons tous, au centre-ville. On est obligé d’aller dans une salle soit y a l’écho et en plein air, pourtant il faut avoir un endroit fermé pour que le public soit concentré. Je pense que si elles misent beaucoup sur ça, ça va aller. Les difficultés qu’on rencontre souvent, c’est d’abord que les gens ignorent vraiment ce que le métier d’humouriste est. Écrire un sketch, réfléchir, travailler dessus, trouver la manière de rendre et faire face à un public qui n’est forcément le tien. Arriver à faire rire des personnes qui ont leurs soucis, c’est très dur. Quand tu arrives, et que tu es humouriste, tu montes sur scène, tu es face à ton destin. Il n’y a pas de musicien qui va t’aider. Donc ça, c’est une difficulté que les gens ne comprennent pas lorsque l’on donne le montant du cachet. Donc ce sont ces deux difficultés à savoir la scène et puis les gens qui ne voient pas le travail fait en fonction du cachet que l’on donne souvent.
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Est-ce que vous souhaitez vous métamorphoser plus tard ou bien vous allez continuer l’humour sur le web ?
Je pense que les deux je les fais. Je fais aussi bien la scène que la web-humour et les deux vont ensemble. Parce que y a plein de choses qu’on n’arrive pas à rendre en scène mais dans les vidéos comme y a beaucoup de copies, on reprend, on arrive à voir les émotions, et à tendre ce qu’on veut. Donc, les deux peuvent aller ensemble, toujours est-il que quand tu finis une vidéo, ça te permet de travailler ton personnage, la gestuelle. Parce que moi, quand je fais la scène j’utilise beaucoup la gestuelle, je mélange un peu de sons, il arrive que je danse, il arrive que je chante, que je fasse des choses comme ça pour me distinguer des autres, et les deux vont ensemble et ça m’aide à travailler mon personnage ILA.
Quel conseil pourrez-vous donner à un jeune qui aimerait se lancer dans l’humour comme vous ?
Pour un jeune qui voudrait s’élancer dans l’humour, c’est déjà s’armer de courage et de détermination, tout en étant beaucoup chercheur, parce qu’actuellement y a beaucoup de thèmes qui ont été abordés, et déjà en tant que jeune humouriste, ce n’est pas facile d’avoir des scènes, donc il faudrait que tu t’armes de courage et que tu côtoie réellement les gens qui peuvent te donner des scènes, parce que l’humouriste sans scène ce n’est pas sûr qu’il pourra vivre en fait. Donc, toi jeune humouriste qui veut te lancer, vas-y, fonce, écris beaucoup, ne soit pas presser d’animer sur scène, mais prend de temps, écris, et si tu as des contacts, demandes des conseils, demandes à ce qu’on t’aide, Parce que c’est l’homme qui fait l’homme et tu peux y arriver.
Quel est votre mot de fin ?
Je tiens à remercier Lefaso.net pour l’invitation, remercier tous mes fans qui me suivent, mes super fans et déjà vous dire que je vous aime, rester connecté, rester branché car de nouvelles choses arrivent et surtout n’oubliez pas de partager.
Farida Thiombiano
Lefaso.net